
« Dawn Fades » est la bande son d’une rencontre entre Richard Comte et Michel Henritzi qui débouchera sur ces deux albums. L’un étant enregistré en studio sans discussion au préalable, improvisation dans l’écoute de l’autre, lente dérive dans le son. L’autre étant un échange de fichiers impliquant une construction réfléchie, s’inspirant des principes du drone et d’une idée de l’accident, se dessinant un vaste terrain de jeu sonore fait d’immenses déserts intimes. Richard Comte et Michel Henritzi se partagent guitares électriques et lapsteel, improvisations suspendues à ces douze cordes.
“Dawn Fades” is the soundtrack of a meeting between Richard Comte and Michel Henritzi that resulted in these two albums. One was recorded in the studio without prior discussion, an improvisation based on the listening of the other, slowly drifting into the sound. The other is an exchange of files involving a deliberate construction, inspired by drone principles and the idea of chance, sketching out a vast sonic playground made up of immense, intimate deserts. Richard Comte and Michel Henritzi share electric guitars and lap steel, improvisations suspended on these twelve strings.
Michel Henritzi : Lapsteel – effects
Richard Comte : Guitar – effects
All music composed by Richard Comte & Michel Henritzi
Recorded, mixed and mastered by Richard Comte @ Danton Studio Montreuil 2025
Cover Photo by Jean François Humbert
Le volume 1 est enregistré en studio, il débute littéralement sur les premières notes échangées. Le volume deux est une session à distance quelques mois plus tard pour laquelle Michel enregistre seul à Metz et envois les bandes à Richard qui enregistre en réponse, quelques mois plus tard. Une relation très physique au son, vécu d’abords dans les corps, dans le même espace puis de/corporée. On travail alors avec l’emprunte, la force de la présence et les pensées tendues vers l’autre. (R.C)
Deux enregistrements différents dans leur réalisation partagés entre Richard et moi. Le premier eut lieu dans son studio sans réelle discussion au préalable, improvisation dans l’écoute de l’autre, une lente dérive dans le son. Une première rencontre où l’on s’est bien accordé l’un à l’autre, comme une évidence dans nos jeux respectifs et leur façon de se placer l’un envers l’autre. Le second enregistrement fait à distance, j’ai envoyé à Richard quatre propositions jouées au lapsteel enregistrées chez moi pour qu’il y ajoute ses guitares, dans un jeu plus réfléchi, avec la possibilité d’essayer différentes choses, de faire des choix. (M.H)
Première rencontre dans le studio de Richard, à Montreuil, chacun son instrument, guitare électrique et lapsteel, ses effets (delay, reverb, fuzz, tremolo … ), peu de choses dites avant pour orienter la session, l’après-midi devant nous, l’improvisation comme méthode. Tout reste ouvert, ce
qui nous importe c’est de se rencontrer dans le jeu, entendre ce qui en sortira naturellement, accepter de se perdre si c’est pour se retrouver plus loin. On avait vaguement évoqué de jouer une musique de drones, dans une approche chaotique, rien de plus. Ce qui m’avait amener à contacter Richard, vouloir jouer ensemble, c’était une vidéo d’un live où il jouait de sa guitare à l’archet. J’ai ce souvenir vivace de ma jeunesse d’un film de Led Zeppelin dans lequel Jimmy Page jouait de l’archet sur sa guitare sur « Dazed and confused » qui m’avait profondément marqué, où il dialoguait avec la musique classique ; quelques années plus tard j’assisterais à un concert de Jean-François Pauvros et Makoto Kawabata tous deux à l’archet pour un trip cosmique sidérant. L’archet ouvrant une nouvelle approche de la guitare avec cette possibilité de tenir des sons au- delà du seul sustain, d’envisager dans l’esprit de la musique de Tony Conrad une musique répétitive. Comme dans toute improvisation le moment décide des chemins qu’on prend, sans assurance d’en connaître la forme finale que çà prendrait, jouer en aveugle. Au final nous aurons cette fois-ci peu joué à l’archet, d’autres approches s’imposant dans l’instant du jeu. (M.H)
C’est un ami en commun qui m’a fait découvrir la musique de Michel en me disant que c’était de loin son guitariste préféré. Ce qui m’a de suite fasciner c’est l’aspect lyrique de son jeu derrière d’incroyables murs de son noise et l’encrage que prend son geste a la fois dans les racines du blues et dans le vaste monde de la musique noise japonaise dont ils est devenu expert à force d’en être amoureux. Il éclaire ma cartographie de la musique, fais des liens en quelques phrases lors de notre première rencontre. Juste en parlant de musique, presque comme des fans adolescents, se dessine un vaste terrain de jeu sonore fait d’immenses déserts intimes et d’objets électriques monumentaux. On a parcouru cette immensité avec nos instruments quelques minutes après, très librement, forts de nos gestes et de notre écoute, dans un certaine contemplation des espaces qui s’ouvraient. La seconde session était très étendue dans le temps, enregistrée à distance. J’ai pris le temps de m’imprégner de la matière que Michel m’envoya alors, de trouver les respirations et surtout de sentir le lyrisme et les mélodies qui hantent ses murs compactes. J’ai tacher de révéler, ou au moins d’appuyer cet aspect avec mes propositions musicales comme dans la production pour faire ressortir des couleurs et les rayonnements autant que les aspérités de la matière brut. (R.C)
English
The Volume 1 has been recorded in the studio, beginning literally with the first notes exchanged. Volume 2 is a remote session a few months later, for which Michel recorded alone in Metz and sent the tapes to Richard, who recorded in response a few months later. A very physical relationship to sound, experienced first in their bodies, in the same space, and then embodied. They work with the imprint, the force of presence, and thoughts focused on the other. (R.C.)
Two recordings, each distinct in their execution, were shared between Richard and me. The first took place in his studio without any real prior discussion, an improvisation based on listening to one another, a slow drift in sound. It was a first encounter where we clicked immediately, as if our respective playing and positioning ourselves in relation to each other felt natural. The second recording was made remotely. I sent Richard four tracks played on lap steel, recorded at my place, so he could add his guitars, in a more deliberate approach, with the opportunity to experiment and make choices. (M.H)
Our first meeting took place in Richard’s studio in Montreuil. Each of us had our own instrument—electric guitar and lap steel—and our own effects (delay, reverb, fuzz, tremolo, etc.). Little was said beforehand to guide the session; the afternoon lay before us, improvisation our method. Everything remained open; what mattered was connecting through playing, hearing what would naturally emerge, and accepting the possibility of getting lost if it meant finding ourselves again later.
We had vaguely discussed playing drone music, in a chaotic style, nothing more. What led me to contact Richard, to want to play together, was a video of a live performance where he played his guitar with a bow. I have a vivid memory from my youth of a Led Zeppelin film in which Jimmy Page played his guitar with a bow on « Dazed and Confused, » which profoundly affected me, where he engaged in a dialogue with classical music; a few years later, I attended a concert by Jean-François Pauvros and Makoto Kawabata, both playing with bows, for a breathtaking cosmic trip. The bow opens up a new approach to the guitar with the possibility of sustaining sounds beyond just sustain, of envisioning, in the spirit of Tony Conrad’s music, a repetitive music. As with any improvisation, the moment dictates the paths we take, without any guarantee of knowing the final form it will take; we’re playing blind. In the end, we didn’t use the bow much this time, as other approaches imposed themselves in the moment of playing. (M.H)
It was a mutual friend who introduced me to Michel’s music, telling me he was by far his favorite guitarist. What immediately fascinated me was the lyrical aspect of his playing, set against incredible walls of noise, and the way his technique is rooted both in the blues and in the vast world of Japanese noise music, of which he has become an expert through sheer passion. He illuminated my musical landscape, making connections in just a few sentences during our first meeting.Just by talking about music, almost like teenage fans, a vast sonic playground unfolds, made up of immense, intimate deserts and monumental electronic objects. We explored this immensity with our instruments a few minutes later, very freely, guided by our gestures and our listening, in a kind of contemplation of the spaces that opened up. The second session was very long, recorded remotely. I took the time to absorb the material that Michel sent me, to find the rhythms and, above all, to feel the lyricism and melodies that haunt its compact walls. I tried to reveal, or at least emphasize, this aspect with my musical contributions, as well as in the production, to bring out the colors and radiances as much as the rough edges of the raw material. (R.C.)


